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mercredi 3 juin 2020

Un monde idéal



Mon monde idéal n’est pas un monde parfait. La perfection n'existe pas, et l'absolutisme est une imposture.
Idéal dans le sens : qui donne une satisfaction juste aux aspirations du coeur, du corps et de l'esprit.

Mon monde idéal n’est pas une simple idée, même s’il en reste au stade immatériel de la pensée, de l’imaginaire ou du souhait. Il représente un besoin viscéral de retour à la terre, à la réalité et à l’harmonie du vivant. 

C’est simplement un monde qui n’abîme pas, c'est-à-dire que chacun peut y vivre à la fois en toute intégrité avec lui-même et en toute cohérence avec son milieu de vie.


Un monde qui n’abîme pas n’est pas un monde sans violence, car la violence est inhérente à la vie (j'en parle dans cet autre article ICI). Mais c’est un monde sans méchanceté, sans cruauté, sans perversité ni vilenie, avec une éthique fondée sur la considération respectueuse, la bienveillance, mais sans morale, et donc sans perversion. 

Ceci est une ébauche, je dois encore bûcher sur certains aspects, et tous les détails ne peuvent être abordés par ce jeu de reconstitution d'un monde idéal dans un blog, mais en bref, ce monde serait basé sur les principes suivants : 

  • Toute autorité est illégitime (autre que sur sa propre personne). 
  • La seule gouvernance légitime est celle de la dynamique planétaire. Il n’y a pas de pays, uniquement des océans et des continents et leurs zones écologiques (forêts, montagnes, marais, côtes, déserts, steppe, savanes, bush, etc.). 
  • Les seules lois légitimes sont celles qui régissent l’organisation spontanée de la vie sur Terre, de manière non hiérarchique, concentrique, depuis le cosmos dans lequel la planète s’inscrit jusqu’au petit étang du coin. À partir de ces lois sont déclinés ces présents principes...






  • Pas de religion ni de science, mais une cosmogonie contenant l’ensemble des savoirs qu’impliquent ces lois, à la fois dans leur dimension physique (temporelle) et symbolique (spirituelle). Sa transmission et son enseignement prennent aussi bien la forme de formules mathématiques (version matérialiste) que de mythes (version intuitive), tant qu’elle exprime la réalité (que j'adresse dans cet autre article ICI). La réalité - les lois et dynamiques et principes de la vie sur terre - ne doit pas être sujet à interprétation. Il n'y a pas de porte-parole attitré pour en révéler une quelconque exégèse ou idéologie ! C'est dans cette forme de travers qu'est tombé le nazisme, par exemple : à partir d'une vision darwiniste de la nature, on peut justifier les classes sociales, le racisme, voire l'eugénisme ! La vie (ce que nous appelons la nature) parle pour elle même dans un language non linguistiquement structuré (d'où la nécessité de combiner Mathématiques et intuition, pragmatisme et symbolisme), un language perceptible par les sens et l'intuition, par la conscience. C'est quand il est traduit en mots par le cerveau et la raison qu'il convient d'être prudent et de rester aligné sur cette conscience, justement. L'Histoire, la linguistique et l'étymologie nous rappellent à quel point le language peut être manipulé. Nul besoin de prophète ou d'interprète éclairé ! La transmission des connaissances à la génération suivante n'est pas affaire d'inculcation et d'études, mais d'observation et d'analyse, d'initiation par l'expérience visant la compréhension, ainsi que de la sensibilité et l'intuition. La compréhension surgit de l'intérieur. Certains seront plus enclins à les comprendre intuitivement, d'autres, mathématiquement. Les connaissances sont accessibles à tous sans restrictions, sans agenda, sans hermétisme. Comme elles sont simples et concernent directement l'existence, elle sont naturellement porteuses de sens.
  • Les habitations humaines n’auront pas plus d’impact sur l’environnement qu’un nid d’oiseau, et les infrastructures, pas plus qu’une fourmilière, toutes proportions gardées.
  • La consommation des ressources naturelles et des autres êtres vivants s'opère avec considération respectueuse et ne doit strictement pas dépasser les besoins essentiels, c'est-à-dire qui permettent aux individus et à la communauté une vie saine et aussi confortable que possible sans nuire à l’assouvissement des besoins des autres êtres vivants, ni enfreindre les lois naturelles. Le libre accès aux ressources naturelles (eau, bois, métaux, énergie solaire, terre et agriculture, flore et faune sauvage) n’implique ni commerce, ni préséance, ni supériorité de la part des humains.
  • La société humaine est structurée sur le modèle écologique. Elle est à la fois communautaire et individualiste. Si on prend l’exemple de la forêt et que je me compare à un arbre dans cette forêt, je suis respecté dans mon unicité quelle que soit mon essence, la forme qu’ont pris mon tronc et mes branches, ma taille… Je participe pleinement à la vie de la forêt simplement en existant en cohérence avec ma nature. En accord avec le principe que la Partie est dans le Tout et le Tout est dans la Partie, l’arbre est discernable mais pas indépendant de l’entité.

La sève est dans l'arbre et l'arbre est dans la sève....

  • Tout type de hiérarchie étant nocif, la structure organisationnelle des communautés prend la forme de réseaux à l’image des racines et des branches. Il faut oublier les concepts et schématisation en hiérarchie verticale ou pyramidale et revenir à l'horizontalité et aux cycles ou aux spirales (Pas comme s'y est mise la culture corporative où les fonctionnements collaboratifs en réseau sont pervertis par le salariat, le marché et le profit).
  • La fonction individuelle au sein de la communauté, l'apparence de chacun, le comportement des individus, seront en accord avec les inclinations et facultés, aptitudes, de chacun, tout comme chaque arbre existe dans la plénitude de son essence selon le terrain sur lequel il croît. 
  • L'enfance est sacrée, asexuée et libre ! Les petits enfants apprennent la vie en communauté par l'exemple, le mimétisme, le jeu, l'exploration et l'expérience. Ils peuvent participer aux activités quand se présente leur désir spontané de le faire, selon leur âge et leurs capacités : le développement de chaque enfant est unique, personnalisé, calqué sur le développement de sa dentition. Les étapes de ce développement sont célébrées, mais il n'y a pas d'agenda prédéfini imposant à tous d'être capables faire telle ou telle chose à tel âge. L'éducation ne nécessite pas de cris, de menaces, d'humiliation, de discipline, d'agression physique, de punitions. Et aussi, la communauté entière est responsable des enfants. "Il faut tout un village pour élever des enfants :  mettre les générations d'enfants ensemble pour qu'elles se pollinisent. Être sur un même pied d'égalité avec les adultes. Créer une proximité avec la nature, la forêt, afin de se rendre compte qu'on appartient à la planète." - Thomas d'Ansembourg
"Si l'enfant n'est pas enlacé par sa tribu, quand il sera grand il brûlera le village pour sentir sa chaleur" - proverbe africain
  • Il n'y a pas d'école ! L'école est déjà une aberration en soi, un processus de domestication appliqué à l'être humain, qui désensibilise. D'ailleurs, la simplification de la vie et de la société, l'absence de marché (y compris celui de l'emploi) et d'industries rendent l'école obsolète ! Dans le monde idéal, les apprentissages et l'invitation à réaliser des tâches précises quotidiennes n'apparaissent pas avant 6 ou 8 ans. L'apprentissage d'un savoir-faire en particulier, quand l'enfant démontre un intérêt certain, peut être promulgué par tous ceux qui pratiquent le savoir-faire à transmettre. La connaissance du monde et de la vie est dispensée de manière décontractée, au fur et à mesure des questions et des besoins. D'ailleurs, aucune réponse ne devrait être imposée systématiquement avant les questions, les événements associés ou le déploiement naturel de la curiosité, et cela diffère pour chaque enfant ! L'intérêt spontané donne un sens à l'acquisition de savoirs et de savoir-faire. 

« La castration de la spontanéité est l’une des caractéristiques des civilisations occidentales [et orientales]. On apprend à ne pas faire montre de ses sentiments, à bloquer les pulsions de sympathie et d’antipathie, à contrôler exagérément sourires et gestes, dans le mauvais sens du terme, au nom d’un qu’en dira-t-on possible, d’une absurde respectabilité de maintien et autres fariboles qui vont à l’encontre de véritables relations qu’on peut avoir avec soi-même et avec les autres. On aboutit ainsi ou bien à la raideur intérieure ou extérieure et à tous les refoulements d’émotions que cela suppose ; ou bien à la révolte contre les systèmes fermés qui sont les résultats de la non-spontanéité, avec les attitudes laxistes, débraillées, grossières qui en découlent ».

Le but est d’éviter les deux extrêmes. Contrairement à ce que vous promet la Watchtower, vous n’êtes pas condamnés à la perdition et à la dégénérescence. L’homme naturel, en paix avec lui-même, trouve le chemin de l’équilibre. Équilibre entre la spiritualité et la rationalité, entre la dynamique créatrice extérieure (expression des potentialités) et la sensibilité intérieure, entre son intuition (« anima ») et sa capacité d’analyse (« animus ») et surtout ce trésor si souvent agressé : l’auto-détermination et la pensée personnelle ! » Pierre Daco

  • Le seul fait d’exister est un statut légal en soi. Les individus n’ont pas à mériter ni justifier leur existence ni leur appartenance au sein de la communauté.
  • Ni l’individu ni la société ne combattra la vie et la mort. Chacun respectera, accueillera et célébrera la vie comme la mort de manière égale. 

NOTES

Il n’y a évidemment pas d’économie. Uniquement l’écologie. Et pas de fric. L’autonomie des communautés, des familles, des individus, se passe très bien de commerce. 

L'artisanat et l'art ne sont pas dissociés. 

Pas de compétition ni de hiérarchie. La notion de réussite a disparu. Reste celle de la réalisation de soi demeure, car la plénitude de la partie dans le TOUT, c'est la plénitude du TOUT (dans la partie). 

Les territoires des communautés sont fluides. Le nomadisme n’est pas exclu, cela dépend du climat selon les régions et des personnalités. Les communautés ne sont pas fermées ni identitaires. 

En ce qui concerne les genres et la sexualité, je vous renvoie à cet autre article très exhaustif ICI.

Il faut repenser la communication et créer un cadre adéquat pour que les souffrances, disputes et conflits puissent s’exprimer et être accueillis avec bienveillance avant de devenir problématiques ou agressifs, et revisiter la notion de justice (qui repose sur l’ensemble de la communauté et pas sur une fonction réservée à certains). Celle-ci, loin de toute culpabilité, doit prendre en compte les contextes, facteurs, causes directes et collatérales, intentions et conséquences des comportements qui ont causé du tort. Concernant les peines, au besoin, on peut s’inspirer de la synergie au sein des troupeaux ou des meutes, et celle des tribus indigènes, où l’isolement temporaire est souvent la peine la plus courante. La réclusion et l’exclusion, pratiquées dans notre société actuelle, sont synonymes de mise à mort, dans la nature. 
Il s’agit également d’être éducatif (favorisant la prise de conscience, la compréhension et la sensibilisation, et visant la réparation, même symbolique) plutôt que répressif (favorisant la soumission, l’abrutissement et l’insensibilisation, et visant la punition). 

La relation entre les communautés est fluctuante et dynamique, à l'image de la relation entre individus. Pour éviter le retour du pouvoir et pire, sa centralisation, il faut faire le deuil de la garantie d'une paix, d'une béatitude et d'une harmonie omniprésente. L'équilibre est un mouvement perpétuel entre les extrêmes. Là encore, l'observation des facteurs écologiques biotiques nous enseignent sur les moyens, les relations et comportements qui préservent ou ramènent l'harmonie. 

Il faut aussi réfléchir à la domestication et à l’élevage. La collaboration inter-espèces, quand elle a lieu, doit être réciproquement édifiante, l’intégrité de chaque individu, peu importe l’espèce, étant sacrée. Il ne peut y avoir de clôtures ni d’entraves (apprivoiser au lieu de domestiquer ? Amitiés inter-espèces ?). La notion de propriété est également à exclure : on ne peut posséder le vivant ! De toute façon, la possession est une illusion. 
Nous serons libérés de l'attachement et de l'appartenance.

Il faut également repenser l'agriculture dans ce sens. Peut-être même éviter de labourer la terre autant que possible ! Je suis persuadée que le labour fait partie de la "culture du viol"....


Il faut aussi revisiter la question de la consommation d’énergie et la nécessité des technologies (beaucoup tomberont d'elles-mêmes dans l'obsolescence en l'absence de marché et de consommation). Et donc bien définir l’équilibre entre les besoins réels et le confort sans nuire aux autres espèces (faune et flore). L’harmonie écologique est la clé ! 

On pourrait croire que ce monde idéal n'est jamais sorti du Néolithique, du Bush ou de la forêt amazonienne ! Mais ce serait faire fi des expériences portées par les derniers millénaires dont nous ne sortirons pas intacts ni plus forts, mais amoindris, estropiés et souffreteux. C'est durant notre convalescence et notre réhabilitations que se réveilleront notre conscience et notre santé, mais nous ne serons plus jamais ce que nous avons été : c'est le principe de la progression en spirale, ou le thème abordé par Sénèque lorsqu'il dit qu'un homme ne met pas deux fois les pieds dans la même rivière parce qu'il n'est plus le même homme et que l'eau s'étant écoulée, ce n'est plus la même rivière.
Et puis, notre reconnexion après un si long moment passé loin de nous-mêmes, notre libération après tant d'année d'asservissement, notre réveil après tant de mensonges et d'impostures, sera une évolution, pas un retour en arrière.

Ce monde idéal est-il réalisable ? Oui, sans doute, je reste positive, je choisis d'y croire, même si je devine qu'il ne pourrait naître que ces cendres de celui-ci, il ne pourrait se construire que si le nôtre s'effondre entièrement, et après un bon moment de chaos qui affectera de nombreuses générations, car retrouver les enseignements, les sens et le savoir-faire perdus ne sera pas une mince affaire !
Par ailleurs, outre une désensibilisation majoritaire, les mentalités actuelles ne s'y prêtent pas : les divertissements compétitifs font de nous des juges et des critiques ; la consommation, l'insensibilisation, l'assèchement de l'affection et des émotions ainsi que la hiérarchisation favorable au surdéveloppement et aux blessures de l'ego ont créé énormément de personnalités narcissiques, voire cruelles ; les réseaux sociaux faussent le dialogues et nous habituent aux débats stériles, à l'opposition d'opinions ; notre surnombre rend difficile la possibilité de consensus ; les mégapoles et l'urbanisation posent problème quant à l'autonomie, etc.

Peut-être les conséquences du cycle climatique que nous avons précipité nous y aideront-elles....


FLB


Quelques lectures qui m'ont inspirée :

J. C.Scott (2018), Homo Domesticus, La Découverte
Pierre Clastre (1980), Archéologie de la violence, Seuil 
Pierre Clastre (1974), La société contre l'État, éditions de Minuit
Pierre Clastre (2001), Chronique des Indiens Guayaki, Pocket
Marshall Salhins (2017), Âge de pierre, âge d'abondance, Gallimard

Groupe Krisis (1999), Manifeste contre le travail, éditions Léo Scheer
Andréas Malm (2017), L'anthropocène contre l'histoire, La Fabrique
Serge Latouche (2005), L'invention de l'économie, Albin Michel
Tom Thomas (2011), Démanteler le Capital ou être broyé, éditons Page Deux

Edmund D. Cohen (1986), The mind of the Bible believer, Prometheus books
Jean Solers (2002), L'invention du monothéisme, éditions de Fallois

Eduardo Kohn (2017), Comment pensent les forêts : vers une anthropologie au-delà de l'humain, éditions Zones Sensibles
Jérôme Bachet (2005), La rébellion zapatiste : insurrection indienne et résistance planétaire, Flammarion
Philippe Descola (2005), Par-delà nature et culture, Gallimard
Robin Wall Kimmerer (2013), Braiding sweet grass ; Indigenous wisdom, scientific knowledge and the teaching of plants, Milkweed edition

Albert Jacquard (1997), Petite philosophie à l'usage des non-philosophes, Calmant-Levy

Alice Miller (2015 (publication originale 1981)), C'est pour ton bien ; Aux racines de la violence éducative, Flammarion
Madeleine Deny & Anne-Cécile Pagache, Le grand guide des pédagogies alternatives, Eyrolles

Pandit Ganga Prasad Upadhyaya (2013), The vedic view of Life, Arya Samaj (India)
Abinash Sandra Bose (1960), The Call of the Veda, Bhavan's Book University (Bombay, India)
Lao TzeuTao Te King









mercredi 13 février 2019

Civilisation

Quand l'homme a inventé les villes
il a dû construire des égouts
s'accoutumant à la puanteur.
Quand l'homme a inventé Dieu

il a aussi inventé le Diable
pour justifier la puanteur
dont il était l'auteur.

Quand l'homme a inventé l'argent
Il voulait rendre de la valeur
à ses villes nauséabondes,
mais hormis lui même, point d'acheteur
car il ne sentait pas meilleur !

Quand l'homme a inventé la sécurité,
il a démultiplié ses peurs
qui lui ont mangé les tripes et le coeur.

Alors l'homme s'est élevé par la pensée
car c'est tout ce qui lui reste.
Il s'en croit plus intelligent
mais il n'est plus qu'artifices,
et ses villes puent toujours autant !


FLB 


mardi 24 juillet 2018

Ah, ces artistes...


The poor poet, by Carl Spitzweg



"Ceux qui répondent aux complaintes des artistes par "Tu aurais dû faire des études utiles" ou "Tu pourrais te trouver un vrai boulot" devraient être privés de livres (romans, livres photo, livres jeunesse, BD...), de magasines de mode, de films, de visites de musées, de musique quelle qu'elle soit, de jeux vidéo, de poésie, de théâtre, ... Que toute forme d'art soit retirée de leur environnement, que ce soit au concert, au restaurant, aux événements quelconques, au bars, au magasin... Partout ! Pas d'art dans l'architecture qui les entoure. Ni dans le vestimentaire, ni chez le coiffeur, ni dans le mobilier. Pas de déco, pas de peinture, pas de tableau, pas de photo. 
Rien que du fonctionnel. 
Point.
Après 30 jours de privation de toute contribution artistique, j'aimerais bien savoir si ces personnes persisteraient à clamer que les artistes sont des profiteurs du systèmes, des glandeurs, indignes d'un vrai salaire, des citoyens de seconde zone !"

d'après une citation de Denise Ivanoff


dimanche 20 mai 2018

Irlande, jour 9 : Brú Na Bóinne. Fin du séjour et photos bonus.

Dans le comté de Meath, à 30 minutes de Dublin en voiture, près de la rivière Boyne, se trouve un paysage archéologique étonnant ! Parmi les plus imposants au monde, il est surtout connu pour ses tumulus abritant des tombes mégalithiques, ou tombes à couloir. Plus de 40 tombes sont disséminées dans la région, et il y en a peut-être encore qui sont inconnues. Les plus importantes sont celles de New Grange, Knowth et Dowth.






 Celui de New Grange est le plus connu : 





Cette tombe est entourée de de 97 mégalithes dont le plus impressionnant, magnifiquement décoré, est situé à l'entrée du site. 



La spirale est un motif récurrent dans beaucoup d'anciennes civilisations. Elle symbolise l'évolution de l'âme (le cycle, la réincarnation), exprimant l'expansion. Elle est lié, dans son symbolisme, à l'image du labyrinthe. Je vous en dirai plus quand j'aurai terminé l'ouvrage que je suis en train de lire, sur les spirales et les labyrinthes à travers les âge et les civilisations.
Bien que certains motifs se retrouvent dans chaque tombeau, les répertoires des décorations sont particuliers à chacun d'eux ! Pas de déco funéraire généralisée ni systématique. Chaque tombe a son expression propre.

Le site de New Grange a été fouillé entre 1962 et 1975. C'est le professeur M.J. O'Kelly qui y découvrit l'imposte par laquelle le soleil du solstice d'hiver pénètre dans la chambre funéraire cruciforme.
"8h58 exactement, le premier rayon de lumière passe à travers l'imposte de fuse le long du couloir pour atteindre le sol de la chambre tombale, jusqu'à l'arête frontale de la vasque de pierre située dans le renfoncement" écrit-il en 1969.







La façade du tumulus est en quartz blanc. Elle fut reconstituée par les archéologues. Elle resplendit avec éclat, en plein soleil.


Il y avait beaucoup de monde, alors que les visites sont limitées à quelques groupes par jour. Il fallait réserver... Par ailleurs, l'accès aux tombeaux de Dowth est interdit et l'attente, pour pouvoir visiter l'intérieur des autres sites, était de plus de 3 heures !
Nous avions un avion à prendre...
Je me suis donc contentée de la reconstitution, au centre des visiteurs.






Je n'aurais pas plus ressenti d'énergie ou d'émotion dans le site original, je crois. Mon intuition y étant parasitée par la foule et la charge énergétique ou émotionnelle qu'y ont laissés les innombrables pilleurs et visiteurs, comme c'est le cas avec les sites similaires, chez nous, de Wéris, par exemple, usés et vidés, dans tous les sens des termes. Je n'y aurait pas gagné beaucoup plus d'indices sur la véritable histoire et utilisation de ces sites.
Ah, vite, que l'on invente une machine à remonter le temps ! 😉

1000 objets en silex et 274 objets de poterie ont été retrouvés mais aucun ne peut être attribué aux premiers bâtisseurs.

Beaucoup d'hypothèses et d'extrapolations existent, concernant ces tombeaux. D'autant plus qu'ils furent utilisés à travers plusieurs millénaires, avant et bien après l'ère néolithique, ayant subit des transformations dès le début de la période chrétienne.
Aujourd'hui, les néo-druides et autres gourous pan-celtiques aimeraient en faire leur chou gras, s'ils pouvaient ! Mais heureusement, l'administration du patrimoine irlandais tient fermement les rênes !


Voici quelques infos supplémentaires sur les sites en question, prises au centre des visiteurs : 




Une telle construction demande de l'organisation, un certain génie et du savoir-faire (taille des pierres, excavation, orientations et mesures, notions de cosmogonie, etc.), un objectif commun, une volonté commune... Une communauté soudée !
L'un des mégalithes, à extérieur de New Grange, pèse près de 10 tonnes. D'autres, à l'intérieur des tombes, sont encore plus lourds.

Chaque peuple se succédant à travers le néolithique, l'âge de Bronze et de fer, semble avoir démontré beaucoup de respect envers ces lieux qui étaient bien plus que de simples tombes.
Durant l'âge du fer, une communauté de Celtes s'est installée à côté de l'un des tumulus. Ils ont vraisemblablement, selon les découvertes, établi un sanctuaire rond juste à côté.

Durant leur invasion, les vikings ont également démontré du respect envers les tumulus. Ils ne sont pas entrés dans les tombes, n'ont rien pillé, mais ont laissé des pièces d'or romaines en une forme d'offrande.

A la période chrétienne, certains sites, alors négligés, envahis par la végétation, se sont effondrés alors que d'autres ont servi de cachettes ou de forteresse lors des conflits et révoltes. Leur considération frisait la plus grande méfiance, à cause de leur origine païenne, nécessitant l'avilissement. Leurs pierres furent réutilisées, déplacées, leurs tunnels réappropriés (toute une allégorie sur le christianisme, ici ^^). Des moines en firent des granges, à un moment donné...
Au 17ème et 18ème siècle, la période dite "romantique" de l'ère victorienne, excita l'imagination et les pillages de tous types de sites "païens" se succédèrent, ainsi que les histoires abracadabrantesques, limite "gores", et les superstitions très en vogue au cours du 19ème siècle.

Après les fouilles du 20ème siècle, les sites prirent des allures de patrimoine. 
Ils sont maintenant protégés et gérés de mains de maître.

En tout cas, voilà qui clôture superbement ce petit tour en Irlande !

Si je devais décrire l'Irlande en quatre mots, je choisirais : 
Ciel.
Pierre.
Eau.
Vert.

Le ciel, parce qu'il parait plus vaste ici que partout ailleurs, plus proche, plus présent.
La pierre est une constante. Les roches, les cailloux, les falaises... Les murs de pierres ramassées et entassées quadrillent les prairies. Les éboulis et résurgences de roches ponctuent les landes.
L'eau est partout, omniprésente. L'Irlande suinte, transpire, dégouline... Le chant de l'eau est toujours dans l'oreille, que ce soit le flux des marées, le son des ruisseaux, le clapotis des lacs... 
Et le vert est définitivement la couleur de l'Irlande ! Même si les landes sont brunes, elles sont régulièrement entrecoupées de vallées verdoyantes, là où se rassemble l'eau s'écoulant des collines.
Le vert de l'Irlande semble plus vif, plus riche, qu'ailleurs. Il éclate comme du rouge ! Sauf que c'est du vert...

Enfin, je suis heureuse de cette belle expérience. J'ai appris beaucoup de choses, sur moi, sur l'histoire, sur la vie... J'ai eu l'occasion de me dépasser, physiquement. De ressentir, et de prendre des décisions aussi.
Les voyages sont d'excellentes écoles.

Je projette le suivant.
Un petit tour en Autriche, dans la région d'Hallstatt, berceau de la civilisation celtique, se profile...

En attendant, voici quelques photos bonus prises par mon fils Alexandre :
C'était notre premier soir à Dublin, l'Eglise St Joseph du coin.


La statue du pèlerin, à ClonMacNoise.
Oui mon gars, c'est comme ça que je me sens souvent aussi, tu sais...😉

Petites fleurs à Coral Strand

Ah, ce ciel ! 

Benjamin, guide, organisateur du voyage et ami, prend de la hauteur.

Petite illustration d'un poème d'E. A. Poe, à Coral Strand, sauf que ce n'est pas du sable mais du corail qui glisse entre les doigts de Christelle...

Ils ont encore des licornes, en Irlande. On en a rencontré une au détour du chemin. (Désolée, seuls les initiés peuvent voir la corne.... Les autres de verront qu'un cheval blanc.)



Chat roux très amitieux au centre des visiteurs de Diamond Hill



Il parait qu'il n'y avait pas assez de photos de moi, alors voilà un petit selfie en passant....

Au revoir l'Irlande... Je ne t'oublierai jamais. 





FLB





samedi 19 mai 2018

Irlande, jour 8 : Seefin Passage Tomb et Powerscourt Faterfalls,

Les tombeaux datant du néolithique, ceux de l'âge de bonze et du fer, sont légion, en Irlande comme ailleurs en Europe.
Ceux qui ont été découverts, souvent par des fermiers ou lors de constructions et de travaux publics, deviennent des site archéologiques, puis des sites touristiques, faisant partie du patrimoine.
Aujourd'hui, nous avons décidé d'aller voir un tombeau "laissé à l'état sauvage". Il est à peine indiqué dans les livres touristiques. Il se trouve sur un itinéraire de randonnée.
Il est assez simple : creusés dans le sommet d'une colline, il passerait presque inaperçu dans la série d'éboulis de roches qui ponctuent la lande si ce n'était pour ses deux portes de pierre.
Son nom : Seefin Passage Tomb.

Nous avons donc quitté les vertes prairies pour retrouver la lande qui coiffe les sommets du comté de Wicklow.
Nous avons garé la voiture au point de départ de l’itinéraire et avons entamé l'escalade de la colline.
Plus de 200 mètres de dénivelé en presqu'un kilomètre ! Je vous laisse le calcul de l'inclinaison de la pente. Moi, je l'ai encore dans les jambes 😉
Voici la photo du chemin parcouru : 


Je suis contente de l'avoir grimpé, ce chemin, même si les courbatures furent sans pitié ensuite.

C'est un sacré accomplissement, pour une fibromyalgique ! 

J'ai suivi les conseils d'un guide du Kilimanjaro dont j'ai lu un article il y a longtemps : ne pas regarder le sommet !
Toujours regarder ses pieds. Un pas à la fois. Chaque pas conscient, en se concentrant sur la respiration, acceptant les efforts et la douleur des muscles, et surtout concédant à un rythme respectueux de soi, avec autant de pauses que nécessaire, peu importe l'avancée des autres grimpeurs.
L'important n'est pas l'objectif ni son altitude, mais l'escalade.
Et vous savez quoi ? Cette expérience et l'application de ces conseils m'ont fait réfléchir sur bien plus que l'escalade d'un chemin escarpé !
Comme quoi, le chemin vers ce tombeau fut une sorte de pèlerinage.
Mon premier.....

D'autant plus que la récompense, au sommet, fut à la hauteur des espérances comme de l'altitude !
De là, on avait l'impression de voir toute l'Irlande !

Parce que le tombeau, lui, nous ne l'avons jamais trouvé !
Il faut dire que les chemins n'étaient pas balisés, et qu'il est difficile de faire la différence entre les trails utilisés par les randonneurs et ceux creusés par... les moutons !
En cherchant ce tombeau, je me suis retrouvée avec des buissons de bruyère aussi hauts que moi (bon, d'accord, je ne suis pas bien grande, mais tout de même !), avant de m'enfoncer une jambe jusqu'au genou dans une tourbière. J'ai eu de la chance d'en ressortir avec la chaussure 😀
Il y avait également d'énOOOOrmes myrtilliers. Celui-ci m'arrivait à la taille : 


... faudra revenir en août !!!



Ensuite, direction :la plus belle chute d'eau d'Irlande. 

En chemin, nous avons contourné le plus haut sommet du comté de Wicklow, le Kippur, et son lac volcanique.




Et enfin, voici Powerscourt Waterfalls. Elle était si belle, avec sa longue chevelure blanche, couronnée de soleil et sertie dans un écrin de verdure, que je l'ai prise en photo sous tous les angles. Elle a posé avec grâce, sans aucune gêne mais sans orgueil non plus.
Naturelle, quoi !





J'aime les rochers. Celui-là possède une fenêtre...  J'aurais dû y passer la main.
Peut-être que de l'autre côté, j'aurais touché à une dimension
 où le monde serait  resté authentique !







Nous avons passé le restant de l'après midi en compagnie de cette belle dame.
Je me suis allongée sur un côteau herbeux, entre deux chênes bien verts, en plein soleil, et me suis reposée de mon escalade du matin en écoutant chanter l'eau et les oiseaux.

Demain, nous reprendrons l'avion, mais pas avant d'avoir été faire nos adieux à Tara et, en chemin vers l'aéroport, nous ferons un petit détour par l'un des plus gros sites de tombeaux du néolithique d'Irlande, New Grange.
A demain, donc, pour le dernier rapport de cette belle aventure que fut ce voyage en Irlande.


FLB

[Irlande, jour 9 : Brú na Bóine + fin du séjour et photos bonus]