[Ils comprenaient ses cycles et ses forces et ses énergies, connaissances qu'ils transmettaient aux générations suivantes à l'aide de mythes. Ils s'y incluaient.]
Ils appelaient la nature « leur mère », ils avaient de nombreuses célébrations et même des rituels pour reconnaître leur dépendance dans leur environnement naturel.
[Ces rituels étaient donc des représentations ou des figurations de la réalité, dénués de croyances ou superstition.]
C’est le réseau des êtres vivants qui capture le carbone de l’atmosphère et libère l’oxygène en retour. Sans cet échange, nous n’existerions pas. Toutes les choses végétales font cet échange pour nous.
Ce sont les choses vivantes qui sont dans le sol, la mousse, les racines, les bactéries, lorsqu’il pleut, qui filtrent l’eau. Nous n’avons pas besoin de faire quoi que ce soit, mais juste de nous pencher pour boire à une source. La terre a déjà filtré et minéralisé l’eau.
Quand on pense que l’énergie de notre corps provient de la lumière du soleil qui est capturée par les plantes lors de la photosynthèse, et nous mangeons ces plantes ou les animaux qui ont mangé ces plantes, et nous entreposons cette énergie. Et cette capacité de bouger, de grandir, de nous reproduire, tout cela est rendu possible grâce à la capture de l’énergie du soleil par le vivant qui nous la fournit ensuite. Le réseau du vivant nous donne l’air qu’on respire, l’eau vitale que l’on boit et l’énergie nécessaire à notre propre vie. Nous en dépendons, nous en faisons partie. »
– David Takayoshi Suzuki, lors de l’exposition « 1000 jours pour la planète » au jardin botanique de Montréal, 2012
Introduction
La plupart des gens autour de moi, les religions et même nos dirigeants politiques, voient l’environnement comme un monde parallèle à la société de l’espèce humaine. La Nature... Or, tout est connecté. L’humain fait partie intégrante de son milieu naturel (mais il s'oblige à s'adapter à un milieu artificiel et ne se définit plus que par ce dernier).
Il est pourtant une espèce parmi les autres et, quoi qui se dise évolué, intelligent, ou enfant de Dieu, il dépend de la nature (*) au même titre que les autres êtres vivants sur cette planète.
L’humain s’est détaché de cette source, il croit qu’il est différent.
En cause, majoritairement, le stoïcisme romain qui, opposé au christianisme par son statut de philosophie païenne, a fini par lui paver la route pour resurgir chez les penseurs des "lumières", qu'ils aient été laïcs ou croyants.
En bref et en raccourci : l'âme - ou la raison - doit l'élever au-dessus du corps (la chair est faible), car la nature qu'il représente, exprime ou contient est faillible, corruptible, voire impure. L'homme est divisé en strates sous le trône du cerveau. Parfois, je ramène ce stoïcisme à une forme de transhumanisme par la désincarnation : la quête de la perfection.
"Soyez parfait comme votre Père Céleste est parfait !" disait le même homme qui nous infantilisait en nous admonestant de devenir, par la conversion, et de demeurer enfants de Dieu.
Il nous définissait en enfants, donc inaptes à atteindre la perfection, tout en insistant que celle-ci était le but de l'épreuve terrestre (notez la portée de l'expression "épreuve terrestre"). Ainsi, il se déclarait - ou plus exactement fut déclaré par ceux qui utilisèrent son personnage après sa mort - comme le médiateur, celui qui nous donne la mesure manquante pour atteindre la perfection du Père.
Oh, la perversité du concept me donne le vertige...
Près d'un siècle après Jésus, deux générations après Saint Paul de Tarse, au moment où le christianisme avait évolué d'une simple secte juive à une religion prisée par les citoyens romains, ce qui dérangeait grandement la politique impériale et remettait en question la persécution et le martyrs des chrétiens, arrive Marc-Aurèle, cet empereur "philosophe" à la tête d'un empire colonialiste, esclavagiste, impérialiste, une monstruosité égotique et hypocrite souffrant d'obésité morbide qui bouffait la moitié du monde.
Il proclame : "Au corps, les sensations, à l'âme, les impulsions et à l'intelligence, les principes".
Après avoir séparé l'homme de SA nature, et donc de LA nature, voilà qu'il n'est plus unité, qu'il entité divisible. Le corps, l'âme et l'intellect.
En divisant l'homme, on divise ainsi les débats, ce qui permet de contourner l'éthique et justifie l'exploitation ou l'oppression ce qui est considéré inférieur.
C'est ainsi que naquit la pauvreté, du bas vers le haut et la charité, du haut vers le bas.
La division et la verticalisation, c'est pratique pour régner !
Divide et impera, disait déjà Philippe II de Macédoine d'après les historiens grecs et romains.À l'inverse, l'unification sert également à la domination quand elle est pervertie en uniformisation : "Vous êtes tous un en Christ", disait Saint Paul aux Galates (Celtes) turbulents, où les femmes avaient leur mot à dire et les guerriers s'aimaient entre eux. Le saint homme, un opportuniste et manipulateur hors pairs, effaçait du même coup leur identité culturelle dérangeante.
La nature est... par nature... diversifiée. Et la diversité est difficilement contrôlable et exploitable. Donc "alignez-vous tous sur le même modèle, formez-vous au même moule"; Le Christ fait le moule parfait.
Les sectes protestantes américaines sont les premières adeptes du "What would Jesus do ? " (que ferait Jésus à ma place ?). Surtout, ne réfléchissez pas au problème, n'analysez pas la situation avec créativité, avec votre intuition, mais alignez votre comportement sur UN seul modèle et selon les principes qu'il contient.
Les épîtres de Saint Paul en particulier insistent sur l'importance de combattre la "nature corrompue" et de s'élever au-dessus de la chair.
La chair, la vie, la nature, deviennent des mises à l'épreuve de l'âme et un creuset de forge pour l'intelligence, au sein du Christianisme.
Et comme tout ce qui est intuitif, instinctif, sensible, est relégué au statut d'animal, la femme, les enfants et les "sauvages", doivent être sauvés, éduqués (sortis hors de le nature) par la charité (condescendante) chez les uns, par le fouet chez les autres, et la nature doit être domestiquée (rendue utile à l'homme).
En désincarnant l'homme de la sorte, toute matière put être réduite à marchandise...
L'homme raisonné, l'homme raisonnable, et le reste...
Nous vivons dans une civilisation bourrée de superstitions, de croyances, d’opinions et de vérités, d’idéologies, de philosophies. Les réseaux sociaux exacerbent le phénomène.
Mais il existe un domaine qui ne se réclame ni de la vérité, ni de l’opinion, ni de la croyance ou de la superstition, ni de la religion, ni d’aucun concept, ni même de la science puisque celle-ci ne se préoccupe que de la matière. J’ai nommé : le vivant. C’est là que réside la réalité.
J'aurais pu dire "la Nature", terme issu d'une invention conceptuelle occidentale. Nous nous référons à la nature comme à un milieu étranger ou extérieur à nous-mêmes, en bon animaux domestiqués.. euh.. civilisés que nous sommes. Pour le religieux, le bigot ou le moralisateur, la nature est une création méticuleusement organisée, soumise aux agendas du Créateur. Elle sert aussi d'argument pour réfuter tout comportement "contre-nature", comme l'homosexualité, par exemple, que les dogmes et écrits saints ne suffisent pas à purger. La religion évoque la nature pour définir tout ce qui, chez l'humain, doit être soumis et limité. J'ai grandi avec, dans les oreilles, cette phrase abominable : "L'homme naturel est l'ennemi de Dieu".
Les philosophes des lumières, dont les pensées éclairantes n'ont pas plus dégouliné vers les paysans et les ouvriers que les richesses des bourgeois et aristocrates, ne sont pas vraiment parvenus à débarrasser la nature de Dieu, ni à totalement sortir du concept du spécisme lancé par Aristote dans ses "histoire des animaux" où il explique que la nature n'existe que pour servir l'espèce humaine. Scientifiques et philosophes du 18è et 19è siècles ont, volontairement ou non, consciemment ou non, pavé la route de l'industrialisation qui s'est élevée sur l'exploitation du vivant. Une nouvelle Église naissait : l'entreprise, et l'homme se disait soudain égal, voire supérieur, à Dieu (qui demeure néanmoins maître du peuple) parce que sa compréhension de la nature (la science) le rend industrieux (la technologie) et qu'il crée des machines dominant la nature.
Au sein du nazisme, la nature a servi de justification pour, d'une part, éclater l'État perçu alors comme un caillot enrayant, par la lenteur et la lourdeur de sa bureaucratie, le flux vital de la société, et d'autre part, en s'appuyant sur le darwinisme, pour mettre en place son opération eugénique de purification de la race en clamant que "tout ce que la nature aurait laissé mourir doit être éliminé de la société". Handicapés inaptes au travail, dégénérés à l'esprit ou au corps tordus, et autres ratés et improductifs sont stérilisés, parqués dans des camps, gazés, empoisonnés...
La "nature humaine", quant à elle, est un concept fourre-tout. Souvent, on qualifie de "nature humaine" les défauts typiques de l'homme civilisé tels que l'avarice, l'égocentrisme et l'égoïsme (souvent confondus avec l'individualisme), la compétition, l'agressivité, etc.
C'est pourquoi je préfère, à la place de "la nature", parler de la Vie, ou du Vivant.
TOUT le vivant.
J’ai rejoint la réalité du vivant pour la première fois, assez accidentellement, ais-je remarqué, lors d'une formation en équi-coaching qui incluait la communication animale, mais auparavant, quand je n’avais que l’intuition de cette réalité, quand je la touchais de mon hypersensibilité sans en être pleinement consciente, je la gardais secrète au vu de la manière dont la sensibilité, d'une part, et la nature – le vivant – d'autres part, étaient considérées par mes pairs. J'avais pris l'habitude, très jeune, d'inhiber mes perceptions sous peine de moqueries : "c'est de la sensiblerie, c'est ton imagination".
J'ai passé ma vie à repousser la connaissance qui germait tout naturellement de l'intérieur pour me conformer aux impostures inculquées de l'extérieur.
Plus tard, lors de mes recherches pour davantage cerner la civilisation celtique (mon dada) de l’âge du bronze et du fer, et ses mythes les plus anciens indissociables de son calendrier, en poursuivant la piste indo-européenne vers les Arўa, puis les Veda - et incidemment vers le taoïsme que j'aime beaucoup - j’ai discerné les enseignements fondamentaux contenus dans ces anciens mythes, derrière les dieux, héros, archétypes et symboles servant à la figuration, à la mémorisation et facilitant la transmission orale des connaissances : dans cette cosmogonie, cette vision holiste, se retrouvent les cycles de la Vie, le mouvements des astres, les lois des écosystème et la nécessité de la biodiversité ; les lois de la nature et l’explication de notre propre humanité.
J'appelle cela "la science d'avant la science"...
On ne peut même pas parler de philosophie naturelle, que l'on associe généralement aux penseurs gréco-romains et aux alchimistes du Moyen-Âge.
Il s'agit d'une tradition orale à une époque où l'on appréhendait les fonctionnements de la Vie, tout comme l'écosystème dans lequel l'humain s'inscrivait, avec les sens, l'intuition et la conscience, pour ensuite les transposer dans des poèmes épiques au lyrisme vertigineux, le genre de lyrisme qu'avec notre langage réduit, nous ne pouvons ni reproduire, ni comprendre pleinement.
Aujourd'hui, la science rase des montagnes entières pour pouvoir accélérer et percuter des particules quasi à la vitesse de la lumière dans un tuyau aimanté sans être plus proche de percer les secrets de l'univers, de définir ses éléments initiaux, ni de rencontrer les composants ultimes de la matière.
"C'est comme fracasser des horloges pour essayer de comprendre comment elles donnent l'heure", disait Dan Brown dans son roman "Anges et Démons".
Tant qu'on se réfère aux fabrications du laboratoire mental, confrontées aux aléas linguistiques, nous n'arriverons jamais à nous rejoindre, ni à rejoindre la réalité. Voilà pourquoi il y a tant de courants philosophiques, religieux et de théories scientifiques : chacun est pris dans sa masturbation.
Pour qu'il y ait union, pour qu'on se rejoigne, comme le reste du vivant est uni est connecté, il faut adresser la conscience - je parle d'une sorte de conscience universelle, celle qui est à la source de l'organisation spontanée du Vivant, qui est non linguistique, informe, dépourvue d'agenda ou d'intelligence au sens où nous l'entendons, qui réside dans l'énergie avant qu'elle soit prise au piège en matière mais dont la matière est constituée, avant qu'elle devienne pensée (puis croyances et théories). Une conscience accessible par l'intuition et/ou la méditation, et par les sens (y compris le 6è).
Le problèmes, voyez-vous, c'est que science comme religion cherchent à percer les mystères de l'Univers ou de Dieu alors qu'il n'y a a pas de mystère, seulement des évidences, mais la simplicité, c'est démodé ! Qui veut se pencher sur quelque chose ne réclamant pas d'études, de formules, de hiérarchies, de catégories, d'intermédiaires ? Qui veut d'un entendement ne flattant pas l'ego ? Qui, de nos jours, donne du crédit à quelque chose qui n'a pas besoin de se mériter ?
Et surtout, qui n'a pas de valeur marchande...
En mettant les connaissances sorties des très anciennes traditions orales en corrélation avec les peuplades indigènes et tribales ailleurs sur la planète, grâce aux travaux d’anthropologues comme Pierre Clastres, entre autres, j’en suis arrivée à la conclusion – bien qu’une vie ne me suffira pas pour cerner les merveilles contenues dans ces connaissances – que c’est bien là, dans la nature, que réside LA réalité. Des faits observables transcendant à la fois le matériel et le spirituel.
Une réalité qui n'est donc pas contenue dans les livres de biologie ou de physique appliquée, ni dans les textes philosophiques, ni dans la Bible ou le Coran, une réalité qu'aucun prophète ou saint n'a abordé (sinon, il n'aurait pas suscité ni cautionné la religion organisée), que la majorité des psychanalystes d'évoquent même pas, dont les motivateurs, coaches et thérapeutes divers n'ont même pas conscience, une réalité que même mon texte, ici présent, ne donnera pas (d'où le paradoxe de ma démarche...), une réalité que nous ne trouvons qu'en nous-mêmes quand nous sommes au contact du vivant tout en ne faisant rien ! La productivité nuit à la connexion avec cette réalité. Elle ne vient que quand nous cultivons notre jardin sans penser au rendement, quand nous sommes en randonnée sans penser à notre performance, quand nous sommes avec notre cheval sans penser à la compétition, quand nous sommes assis au bord de l'eau sans penser tout court.
Sans penser, c'est la clé !
Et c'est bien là tout le problème : nous avons tellement pris l'habitude d'être enseignés, de bourrer notre intellect de nouvelles données, de décortiquer, d'agrandir le savoir sous forme de discours, d'essais ou de thèses, à partir d'autres sources et de supports intellectuels descendant de plus grands et plus sages que nous, de nous reposer sur les découvertes, interprétations et expériences de plus érudits, que nous n'imaginons même pas que la réalité et sa sagesse puisse déjà être en nous-mêmes sans devoir être linguistiquement exprimée ! De fait, tout ce qui est actuellement issu d'un domaine non intellectuel, scientifique ou religieux, est souvent discrédité, et malheureusement avec raison car il frôle souvent l'élucubration, la superstition, une spiritualité marchande tissée à partir de brins culturels divers qui nous leurre dans une pseudo-libération ou éveil et comble nos manques identitaires, naturels, affectifs, culturels ou spirituels. Après la dictature de la piété par les religions, de la vie réduite à la matière par les sciences, nous entrons, avec les néospiritualités, dans un dédales créé par les infinies perceptions de la réalité, mais toujours dans le mental, même via l'imaginaire ou le sensationnel, donc toujours aussi éloignés de la réalité du vivant.
Ou bien, on nous a tellement inculqué que l'humain au naturel était faible et vil que nous n'oserions pas nous faire confiance.
Ou bien, on nous a donné les réponses avant que nous nous posions les questions et du coup, notre intérêt pour la recherche et la compréhension de la réalité est émoussé.
Ou encore, nous sommes soumis aux sensations liées à notre société du spectacle et de l'information (sensations que je ne considère pas comme des émotions et qui sont à différencier du ressenti intuitif) : indignation facile, peur, colère et frustrations d'impuissants, opinions, etc.
Sensations destinées aux masses, distribuées par les médias, l'audio-visuel, que financent et entretiennent consciemment et consciencieusement les stoïciens du haut du panier ! Qui peuvent ensuite dire "vous voyez bien que les émotions et les passions sont dangereuses !"
Les anciens mythes ainsi que ceux de nombre de peuplades indigènes, que nous prenons pour des fables d’une religion archaïque et infantile du haut de notre civilisation orgueilleuse et condescendante, en être dénaturés que nous sommes, concernent cette réalité.
Saint Paul les appelait "les dieux qui n'en étaient pas de leur nature", de "pauvres rudiments" (Gal. 4:8-9).
Ils contiennent pourtant les clés d'une sagesse fondamentale et essentielle rejoignant ce que j’avais entrevu intuitivement, une sagesse qui permet aux humains de vivre DANS la nature (du coup, le concept de "nature " disparaît) et non DE la nature, de vivre en toute conscience et non par obéissance, de vivre en toute autonomie et à la fois en harmonie, de vivre tout court ! Et de mourir sans crainte. Vie et mort ont un sens, dans LA réalité. Elles sont indissociables. C'est pourquoi le veganisme est absurde, à mes yeux. Bien que je puisse comprendre la nécessité de boycotter le système de l'agro-alimentaire et de l'élevage industriel, j'estime important de réinstaurer l'espèce humaine dans le cycle régulateur et non de l'en extraire : que l'Homme mange et soit mangé ! C'est une question très complexe qui soulève des problèmes moraux et éthiques épineux que je ne peux développer dans ce simple article de blog, mais qui vaudrait la peine qu'on s'y consacre sérieusement.
Cette sagesse naturelle, notre civilisation occidentale monothéiste/monocratique, par la colonisation, la domination, l’exploitation, l’appropriation, l’a découpée, tronquée, altérée, édulcorée, mentalisée, mixée, manipulée, scindée, cloisonnée, commercialisée, lui substituant des domaines qui s’opposent ou sont parallèles : la religion, les sciences, les arts, les mathématiques, la politique, la philosophie, l’économie, la médecine qui, à son tour, divise l’homme (psyché, corps) et se spécialise selon les organes... Le réductionnisme n'existe que parce que la diversité n’est pas gouvernable et l’autonomie, pas exploitable.
Une division pour mieux établir un règne frauduleux, une imposture qui a déconnecté l’humanité de la réalité en lui fournissant, en remplacement, une morale et des valeurs. La religion comme l'État ont rendu l'homme impotent pour ensuite lui fournir des béquilles pieuses ou sociales.
Depuis, l’homme cherche la vérité, ou bien il la fabrique, ce qui est pire. Il cherche des chimères : le bonheur, la réussite...
Il est incapable de voir et de vivre la réalité, étant distrait pas des interprétations de la réalité.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, l’oiseau qui construit son nid est bien plus au courant de la réalité que les plus haut-diplômés de nos universités, que les plus grands philosophes et gourous médiatisés, c’est-à-dire que lui, l’oiseau, sait ce qui est essentiel à la vie, dans le ciel et sur la terre – il sait lire le ciel et la terre – et qu’il l’expérimente à fond en accord avec sa propre nature sans pourtant avoir besoin de s'élever en dehors des limites de sa sphère. Plus aucun être humain n’a accès à cette intégrité de l’être.
À la réalité.
Le diplômé sait énormément de choses, toutes aussi inutiles à la vie les unes que les autres, fondamentalement. Elles ne servent qu'à se faire une place dans un monde technique et technologique, dans une société à la complexité surfaite.
Notre civilisation est aussi inutile à l’être humain que la domestication l’est aux animaux.
En parlant d'utilité : tant qu'on en est à évaluer l'être vivant à son travail, à sa productivité et à son utilité directe, j'estime que les arbres devraient alors bénéficier de plus de respect que tout roi, ministre ou président, d'un meilleur traitement que n'importe quel CEO, de plus d'aides et de subsides que n'importe quelle entreprise, et d'un statut social quasi divinisé : chaque jour un arbre de 12 mètres soutire du sol où il pousse près de 200 litres de nutriments dissous, distribue cette substance de ses racines à la plus petite et la plus haute de ses feuilles afin de permettre un processus qui piège 4,5 kg d'hydrate de carbone et relâche 1,7 m³ d'oxygène dans notre atmosphere.
Aucun humain, aucune société, ne peut prétendre contribuer à ce point à la vie sur cette planète !
[source : http://www.fao.org/3/i0105f/i0105f04.pdf]
Quand l’être humain se fut promu fils de Dieu, tous les autres êtres vivants en devinrent les « créatures ». L’homme possédant une pensée verbalement structurée, en tant qu’être intellectuel, est devenu supérieur aux autres espèces et fut littéralement extrait de la biosphère (relisez la Genèse sous cet angle, c'est éclairant !). Les créatures ne pensent pas, assurément, puisqu’elles ne parlent pas, et sont conduites par leur instinct uniquement, contrairement aux hommes animés d’une âme, d’une intelligence et d’un objectif divin. Du coup, tout ce qui est attribué à l’instinct renvoie l’homme à son aspect «animal», son côté charnel naturel et diabolique qui l’éloigne de Dieu. Il renie ses émotions car instinctives et donc animales pour se concentrer sur la pensée qui l’élève. Il donne aux actes intrinsèquement corporels, organiques, une connotation diabolique. Aujourd'hui tout particulièrement, l'homme n'est plus qu'un cerveau. Il définit son intelligence par ce seul organe (qu'il se masturbe souvent, d'ailleurs...).
Même les enfants ont souvent été relégués à un statut de sous-espèces nécessitant une éducation tantôt stricte et rude, tantôt indulgente, pour les sortir de la nature (étymologie du mot "éducation" : "conduire hors"), les élever au statut d’humain ! Dixit des "hommes" eux-mêmes infantilisés depuis des millénaires, d'une part par le judéo-christianisme les gardant incapables d'obtenir la reconnaissance de papa dans les cieux sans un médiateur, d'autre part par le pouvoir central quel que soit sa forme de gouvernement, supprimant méticuleusement tout accès pour ses citoyens à une quelconque autonomie.
Je comprends aussi, dans le spécisme, cette volonté de l’homme occidental moderne – l’homme blanc – de se croire supérieur aux civilisations précédentes, de les dénuer de toute intelligence, de s’imaginer que l’industrie, les sciences et la technologie font de lui une race évoluée alors qu’il s’agit moins là d’évolution que d’artifices, ce qui l’empêche d’ailleurs d’expliquer nombre de mystères du passé. Passé qu'il a remodelé à sa convenance !
Comme les religions monothéistes, la civilisation occidentale est sa propre historienne. En grande spécialiste de la propagande, elle a sélectionné ses scribes dans son propre sein, à son propre service. Elle a décrété que l'ère civilisée n'avait commencé qu'il y a quoi ? 5000 ans, tout au plus ? En même temps que la monolâtrie qui conduisit au monothéisme et à la centralisation du pouvoir. Tiens donc ?
Alors que les archéologues ne cessent de reculer dans le temps les périodes de vies organisées et intelligentes, nous projetons alors, incapables de nous décentrer, les caractéristiques de notre propre civilisation sur les anciennes peuplades : si ces peuplades étaient civilisées, elles devaient pratiquer le commerce et avoir une monnaie. Elles devaient connaître des notions de propriété et de territoire, et de compétition et de classes sociales. Elles devaient élaborer une urbanisation. Sinon, elles n'étaient pas civilisées. Leurs conflits n'étaient que de la brutalités, alors que les nôtres sont des dynamique géopolitiques ! Leurs cultures n'était que du ressort d'un bête animisme, leurs mythes, une vision puérile du monde, alors que nos croyances relèvent de la théologie et impliquent de nobles valeurs !
Elles étaient sauvages, barbares, incultes et ignares, avec tous leurs dieux et leurs rituels et leur simplicité et leurs guerres tribales démontrant à quel point elles étaient chaotiques, alors que nous, nous avons l'ordre, l'État, les lois et la justice, l'économie, l'art, les sciences, les lettres, les institutions, des fonctionnaires, une morale, tout ça...
Pourtant, l’homme moderne est bien inférieur à ses prédécesseurs dans une flopée de domaines comme il est inférieur à la plupart des autres espèces rien qu’en tenant compte des capacités de perception, d’intuition et de performances physiques. Et de la connaissance de la réalité.
Si j'en crois les anciens textes en sanskrit, chaque nouveau cycle ou âge de l'humanité est moindre qualitativement. Il ne se produit qu'en perdant une de ses dimensions. Par exemple, la tradition orale des Arya une fois transcrite en Sanskrit, une langue écrite pourtant très riche comparée au français ou anglais moderne, et sans doute la seule encore apte à contenir l’extravagant lyrisme, l'exhaustivité et la profondeur symbolique de l'ancienne tradition orale, a déjà subi une réduction en Védisme/Brahmanisme, qui à sont tour a donné l'hindouisme où l'on voit la superstition pointer son nez, les castes se rigidifier et le statut de la femme gravement se dégrader dans l'Inde antique, ainsi qu'entre-temps émerge le Bouddhisme, monolâtrie également ségrégationniste et sexiste, et ainsi de suite... Autre exemple, la civilisation hellène, pourtant d'origine indo-européenne également, en arrive à la philosophie grecque à peu près à la même période, après avoir dû aller repêcher des principes de base chez les Égyptiens, les Hébreux, les Brahmanes et les Perses (et les Celtes, selon Clément d'Alexandrie), pour tout réduire encore comme un bouillon dont on veut faire un cube déshydraté, Platon ramenant le mythe à un contenant de valeurs morales.
La pensée greco-romaine mêlée à la judéo-chrétienne a terminé de dénaturer l’homme, de le sortir de la nature (du vivant), son berceau originel, l’ont chassé du jardin d’Eden, faisant passer SA nature pour déchue et LA nature pour une épreuve, une ennemie à dompter, ou un marché d'esclaves. Elle l’ont insécurisé et privé d’une source primordiale de sagesse inconditionnelle.
Et aujourd’hui, on nous sert le nouveau culte du bonheur et de la paix intérieure à coups d'appropriation d'anciennes cultures - une fois aseptisées pour ne pas trop remettre en question notre style de vie - à coups de néo-chamanisme, de néo-druidisme, de zénitude, de « tout le monde peut-être un Bouddha », de citations inspirantes de guides qui œuvrent à ce que rien ne vienne perturber notre paix intérieure (et il est collabo du capitalisme, ce néocolonialisme culturel). Et voilà qu'entre en scène la méditation à l’école comme un pansement sur une jambe de bois, sans jamais remettre en cause l’origine du mal-être des enfants, de leur stress, ni même penser à refonder les fonctionnement de nos institution, sans honnêtement considérer leur violence, ni les structures malsaines de notre société. La méditation, elle aussi, privée de ce qui était vivant en elle...
Lâchez les enfants dans les bois et les vergers au lieu de les soumettre à une même méditation guidée en classe à heure fixe ! Ah, mais les bois sont privés et les vergers qui restent sont bourrés de pesticides...
Le retour à la Nature, bien que cela me semble utopique au vu des énormes cités où des millions de gens sont complètement déconnectés physiquement et spirituellement de leur environnement naturel nourricier au point d’y devenir allergique, et au vu de la démographie galopante de l’espèce humaine, l’idée de ne faire qu’UN avec l’entièreté du vivant est le seul moyen, à mes yeux, d’arriver à une harmonie. S’il n’y a plus de différence entre les espèces, si tous les êtres vivants disposent des mêmes droits, il n’y aura pas non plus de différences entre les humains.
Quitter l'économie pour retourner à l'écologie... Utopique ?
Croire que la civilisation humaine peut trouver la paix et la sérénité, l'égalité en son sein, l'équilibre et la pérennité indépendamment de ses relations avec le reste du vivant me semble encore plus utopique.
FLB
[extrait de mon livre "Rompre avec les croyances et oser la vie", chapitre 7 : La grande absente.]
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(*) Par les termes "nature" et "milieu naturel", j'entends l'ensemble du vivant (la biosphère) et son écosystème, soit l'organisation spontanée de la vie.
[1] La dévalorisation systématique, l’abus et l’exploitation de la Nature va de pair avec la dévalorisation, l’abus et l’exploitation du féminin. Je remarque qu’une culture qui pratique l’une pratique l’autre.
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