jeudi 18 février 2016

Tableau d’une exposition authentique

J'ai voulu marier deux formes d'art : la peinture et l'écriture.
Ecrire avec des couleurs, ou peindre avec des mots...

Je me suis rappelée le dernier automne, qui était particulièrement splendide, et mes trajets entre Namur et Dinant pendant lesquels je me régalais la vue. Et puis, cet endroit particulier, autour du village de Godinne, que j'admirais depuis la rive opposée.

Laissez-moi vous le décrire.


Tableau d’une exposition authentique


J’ai dû arrêter la voiture. J’avais le souffle coupé !
Là, de l’autre côté de la Meuse, la nature s’est parée des atours les plus somptueux que l’automne peut lui offrir.

Cela commence par la frange, au bord de la berge, où les Saules dégoulinent de perles jaune tendre jusque dans l’eau. Derrière eux, les hêtres, le long de la route dissimulée par cette exubérance du feuillage, forment une alternance de pourpres et de vert pâle en gros pointillé. Ensuite, les chênes, frênes et confrères partent à l’assaut de la colline. Cela donne la vision d’un canevas aux points de croix donc les couleurs laineuses auraient été puisées au centre même de l’âtre, un soir de bonne flambée, avec des éclats orangés allant jusqu’aux taches brunâtres en passant par toutes les déclinaisons de l’or. On pourrait presque entendre la colline crépiter.

Vers le sommet arrondi, la saison semble plus avancée. Les touffes serrées rivalisent de tons plus ou moins rouillés et découpent le feston de cette parure naturelle sur le ciel d’octobre d’un bleu passé.

Et puis là, entre les deux collines bombées comme un décolleté, un bosquet de bouleaux vient marquer le cœur d’une tache d’un vert presque transparent, opalin, une nuance tardive qui se veut encore fraîche.

La Meuse s’amuse à reproduire l’ensemble en une aquarelle abstraite où toutes les teintes, fondues et coulées, miroitent paisiblement à la surface du courant.

Aurais-je assez de mes deux yeux pour recevoir la plénitude de cette beauté, ces myriades de couleurs, ces infinies variations ? Pourrais-je m’en souvenir avec précision et renouveler, à chaque appel de ma mémoire, cette impression de respect, d’opulence et de contentement mêlés ?

De toute évidence, les talents de la nature, qui ne réclament pourtant aucun effort ni besoin de reconnaissance, excèdent de loin les œuvres d’art que nous, humains avides d’approbation, produisons de nos deux mains. C’est parce que, justement, ils s’alignent sur l’âme, que les talents de la nature nous inspirent autant. Puissent-ils nous émerveiller encore longtemps…


FB


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